Il y a une délimitation qui ne bougera pas : le MES fait de l’exécution et travaille dans le monde physique, tandis que l’ERP est là pour centraliser tous les flux de gestion de l’entreprise.
Pour échanger sur les apports mutuels entre le MES (Manufacturing Execution System) et l’ERP nous avons le plaisir d’inviter Christian Flachard, Associé et Directeur Commercial & Marketing de Creative IT, éditeur de la suite logicielle MES Qubes, qui compte plus de 200 clients actifs et 500 sites équipés, ainsi que Nabil Cheurfa, Directeur associé et expert ERP Microsoft Dynamics 365 chez TVH Consulting.
Christian, vous êtes expert MES chez Creative IT depuis plus de 20 ans, pouvez-vous nous parler des innovations récentes dans ce domaine ?
Christian Flachard : Comme les solutions ERP, les solutions MES sont aujourd’hui très matures. Pour vous donner une idée, nous œuvrons dans ce domaine depuis 25 ans, et nous ne sommes pas les plus anciens. L’innovation se trouve désormais en périphérie du MES, et dans l’intégration de solutions partenaires. En ce qui nous concerne, elle englobe essentiellement les technologies autour de l’industrie 4.0.
Par exemple nous travaillons avec un partenaire en charge de l’IA, qui traite les données que nous récupérons dans les usines pour faire de la maintenance prédictive, éviter des problèmes de non conformité, réduire le nombre de produits rebutés, diminuer les temps d’exécution de certaines opérations, etc. Avec un autre partenaire nous travaillons sur les apports de la réalité augmentée intégrée au MES. Pour les objets connectés, nous réalisons depuis plusieurs année l’intégration de l’IoT dans l’usine, afin d’implanter de nouveaux capteurs qui amènent de la valeur.
Pour aller plus loin, voici une vidéo montrant notre savoir faire sur la mise en œuvre du MES en mode cloud.
Les frontières entre ERP / MES semblent de plus en plus floues, comment s’y retrouver ?
Christian Flachard : Les frontières entre MES et ERP ont toujours été floues. Dans certains cas, des organisations ne voient pas l’intérêt de mettre en œuvre une solution MES car elles pensent que l’ERP fait déjà « tout ». Pour d’autres, l’ERP ne doit pas s’aventurer dans les ateliers des usines car les interfaces utilisateurs ne sont pas suffisamment conviviales et que l’ERP n’est pas conçu pour collecter les données directement sur les machines. Il existe pourtant une classification vieille de 20 ans, la pyramide du CIM (Computer Integrated Manufacturing), avec :
- En couche 0 : les équipements, les automates, les capteurs, les actionneurs…
- En couche 1 : la partie SCADA (Supervisory Control And Data Acquisition)
- En couche 2 : le MES
- En couche 3 : l’ERP
- En couche 4 : la BI
Mais gardons à l’esprit que c’est un schéma théorique. Les frontières peuvent souvent changer dans la pratique. Tout dépend de la façon dont une entreprise a configuré son ERP. Par exemple, les gammes détaillées de production peuvent être gérées dans l’ERP pour certains clients, alors que d’autres vont décider de simplifier les gammes ERP pour les limiter à un rôle de gestion et non d’exécution et le détail se fera dans le MES. Tout dépend donc de l’approche et du rôle donné à l’ERP.
Nabil Cheurfa : En effet, en fonction des projets, l’ERP peut empiéter sur le terrain du MES, et inversement le MES empiéter sur le terrain de l’ERP. Il faut bien définir au début du projet les limites de chacun, et savoir qui fait quoi car il est possible de trouver des fonctions communes pour chaque solution. Par exemple, qui va s’occuper de la réception de la matière première ? Le choix n’est d’ailleurs pas forcément rigide, et peut se faire transaction par transaction.
L’intégration entre les 2 types de solutions est donc étroite, quelles sont vos recommandations ?
Christian Flachard : Il ne faut pas être dogmatique. Le partenariat TVH Consulting et Creative IT est justement basé sur la logique d’une grande écoute du client pour délivrer un service sur mesure parfaitement adapté à son besoin.
Nabil Cheurfa : La clé réside clairement dans la souplesse et la capacité d’adaptation. Reprenons l’exemple de la réception des matières premières. Pour un client A, cette réception est faite dans le MES et fonctionne parfaitement avec la gestion de l’étiquetage, le contrôle qualité… il serait donc dommage de tout casser et de basculer cette réception dans l’ERP.
Pour un client B, qui a déjà démarré sa réception de matière dans l’ERP mais à qui il manque le contrôle qualité, il n’est pas nécessairement obligé de modifier sa façon de faire. Il lui faudra juste envoyer les données de réception de la marchandise vers le MES qui déclenchera alors le contrôle qualité.
Mais quel que soit le cas de figure, il y a une délimitation qui ne bougera pas : le MES fait de l’exécution et travaille dans le monde physique, tandis que l’ERP est là pour centraliser tous les flux de gestion de l’entreprise.
À partir de vos retours d’expérience, quelle recommandation donneriez-vous à ceux qui réfléchissent à un projet ERP et MES ?
Nabil Cheurfa : Même si cela semble séduisant sur le papier, il ne faut pas mener en parallèle un projet ERP et un projet MES. Dans la pratique, il est en effet difficile de disposer d’assez de ressources humaines pour pouvoir mener de front deux projets d’une telle envergure. C’est le besoin qui va définir s’il faut commencer par l’ERP ou le MES. Si on pense souvent à l’ERP en premier comme colonne vertébrale de tout le système de données, il existe des cas où le MES peut « passer en premier ». Quand il faut industrialiser rapidement un prototype par exemple.
Christian Flachard : Je confirme que le projet ERP prend souvent le pas sur le projet MES. Nous insistons quand même auprès des clients pour que la conception fonctionnelle des sujets supply chain et production du nouvel ERP intègre une vraie réflexion sur la place du MES. Même si le prestataire MES n’est pas encore choisi il est possible de faire appel à un expert du monde MES afin qu’il puisse apporter sa contribution. Nous avons au sein de nos équipes des consultants séniors capables de jouer ce rôle. Mentionnons également la possibilité de démarrer par un POC (Proof Of Concept). On peut citer l’exemple réalisé pour un acteur majeur de l’industrie agroalimentaire qui a travaillé sur un POC de « mise en place d’outil de Gestion des OF et de Traçabilité associé » qui se développe ainsi :
- 30 jours de mission sur 3 mois :
- Analyse et cadrage : 1 mois
- Paramétrage de la solution 1 mois glissant sur l’analyse et le cadrage
- Mise en production du POC : 1 mois
- 1 Chef de projet opérationnel dédié + une équipe d’experts en back-office
- Loyer logiciel mensuel (sans contrainte de licences fonctionnelles ou licences utilisateurs)
- Exploitation du POC pendant 3 mois
- Items fonctionnels et techniques
- Traçabilité des lots, composants, articles,
- Suivi de production
- Contrôles Qualité Produits
- Connexion d’1 équipement de production – capteur de température
- Volumétrie de données de production mise en œuvre
- 12 recettes de produits finis
- 391 OF
- 330 lots tracés
- 2 000 Contrôles Qualité réalisés
- Gains estimés :
- Suppression de 1 060 lignes saisies avant manuellement sur de multiples supports
- 420 feuilles économisées
- 1 minute pour accéder au Dossier de Lot Electronique (vs 2 heures à 1 jour auparavant).
Directeur avant-vente et du pôle Innovation R&D depuis 18 ans chez TVH Consulting, j’interviens aussi sur la mise en œuvre de l’ERP et de la solution verticale métier ADAX ainsi que les applications de la plate-forme Dynamics 365 (Azure, Power Platform, CRM, Power Automate
TVH Consulting
Le groupe TVH Consulting réunit plus de 170 consultants experts des solutions ERP et BI Microsoft et SAP qui s’engagent sur 100% de réussite des projets.
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